Voltaire (1694-1778), Candide ou l'optimisme, 1759.
chapitre vingt-neuvième : COMMENT CANDIDE RETROUVA CUNÉGONDE ET
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Le baron pâlit à cette vue. Le tendre amant Candide,
en voyant sa belle Cunégonde rembrunie, les yeux éraillés, la gorge sèche, les
joues ridées, les bras rouges et écaillés, recula trois pas saisi d’horreur, et
avança ensuite par bon procédé. Elle embrassa Candide et son frère ; on
embrassa la vieille : Candide les racheta toutes deux. Il y avait une petite métairie dans le voisinage :
la vieille proposa à Candide de s’en accommoder, en attendant que toute la
troupe eût une meilleure destinée. Cunégonde ne savait pas qu’elle était
enlaidie, personne ne l’en avait avertie : elle fit souvenir Candide de
ses promesses avec un ton si absolu que le bon Candide n’osa pas la refuser. Il
signifia donc au baron qu’il allait se marier avec sa soeur. - Je ne souffrirai jamais, dit le baron, une telle
bassesse de sa part et une telle insolence de la vôtre, cette infamie ne me
sera jamais reprochée : les enfants de ma soeur ne pourraient entrer dans
les chapitres d’Allemagne. Non, jamais ma soeur n’épousera qu’un baron de l’Empire.
Cunégonde se jeta à ses pieds et les baigna de larmes ; il fut inflexible.
- Maître fou, lui dit Candide, je t’ai réchappé des
galères, j’ai payé ta rançon, j’ai payé celle de ta soeur ; elle lavait
ici des écuelles, elle est laide, j’ai la bonté d’en faire ma femme, et tu
prétends encore t’y opposer ! Je te retuerais si j’en croyais ma colère. - Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n’épouseras
pas ma soeur de mon vivant. |
QUESTIONS de lecture : haut
1 Qu ?
2 Qu?
3 Qu'?
4 Rr.
5 Rr.
réponses
fin