Tableau récapitulatif des
aventures de Candide, et des critiques de Voltaire.
chap. |
lieux |
personnages |
aventures |
Idées |
Le château du baron, en Westphalie |
Candide, M. le baron de Thunder-ten-tronckh, son épouse la baronne, leur fils Cunégonde,
leur fille, Pangloss, le
précepteur |
Candide
vit heureux au château, il est éduqué par le précepteur Pangloss. Mais
il est chassé parce que lui et Cunégonde sont surpris en train de s’embrasser
et de se caresser. |
Voltaire
se moque de la fatuité des nobles. Il
se moque aussi des idées de Leibniz, pour qui tout ce qui existe et tout ce
qui se passe est forcément le mieux possible, parce que c’est Dieu qui l’a voulu
et qu’il ne se trompe pas. |
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La ville voisine, Valdberghoff-trarbk-dikdorff |
Les sergents recruteurs de
l’armée bulgare, le roi des Bulgares |
Candide
est enrôlé sans s'en rendre compte dans l’armée bulgare par deux recruteurs. On
lui fait faire l’exercice pour qu’il devienne soldat. Il est battu et va être
tué pour s’être promené mais le roi des Bulgares le gracie. |
Voltaire
dénonce la brutalité, l’absurdité et l’injustice de l’armée, en montrant son
héros capturé, battu et condamné à mort alors qu’il n’a fait aucun mal. |
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le village bulgare, |
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Comme il n’a plus rien il mendie, mais il est rejeté par les protestants. Enfin un anabaptiste, Jacques, le recueille et le nourrit. |
Il se moque aussi de l’intolérance religieuse : un chrétien laisse un homme mourir de faim parce qu’il n’est pas protestant. |
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l’anabaptiste Jacques |
Jacques recueille et emploie Pangloss. Ils embarquent pour le Portugal. |
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l’anabaptiste Jacques (qui meurt au début du chapitre) |
L’anabaptiste secourt un marin, qui le laisse se noyer. Pangloss et Candide arrivent dans les ruines de la ville, ils se soignent et parlent du péché originel avec un Inquisiteur. |
Voltaire
dénonce l’ingratitude de certains hommes à travers le comportement du marin. Il se moque encore de Pangloss qui pense que tout est bien alors qu’une
catastrophe naturelle vient de détruire une ville. |
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Pangloss est pendu et Candide fouetté. Il a du mal à penser que tout est bien. |
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Cunégonde |
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Lors de l’autodafé Cunégonde reconnut Candide et demanda à sa vieille servante de le soigner. |
En particulier, les femmes n’ont souvent rien à dire et sont privées de liberté. |
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La vieille |
Quand l’inquisiteur arrive, il le tue aussi pour qu’il ne donne pas l’alerte. L’inquisiteur est enterré avec pompe, le juif est abandonné. |
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La vieille |
À Cadix,
Candide réussit à se faire engager comme capitaine dans l’armée espagnole. Ils embarquent
pour les Amériques. Cunégonde se plaint de son sort mais la vieille prétend qu’elle a vécu pire. |
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La vieille (sa mère, le pape son père, le prince son promis, le corsaire marocain) |
Le
bateau qui l’éloignait fut attaqué par des corsaires marocains. Au Maroc, la guerre faisait rage et tous ses ravisseurs furent tués. Elle s’évanouit et se réveilla sous un homme. |
Il dénonce aussi la religion qui n’empêche rien de tout cela : les hommes prient tout en se massacrant. |
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(L'Afrique du nord, la Turquie, la Russie, l'Europe du nord et finalement l'Espagne) |
( |
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Les musulmans ne sont pas plus raisonnables que les chrétiens et se massacrent aussi entre eux. |
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La vieille Le gouverneur L’alcade et les alguazils |
Candide et ses compagnes arrivent à Buenos-Aires. Le
gouverneur veut que Cunégonde l’épouse. La vieille conseille à celle-ci
d’accepter pour garder Candide en cachette. Au même moment débarquent des policiers à la poursuite de Candide pour
le meurtre du grand inquisiteur. |
Voltaire se moque, comme dans le chapitre 1, des
nobles prétentieux. [Il montre aussi ceux qui prennent excuse de leurs
malheurs pour justifier une malhonnêteté, mais sans exprimer son opinion là-dessus : est-il d’accord
ou pas avec la vieille ?] |
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Buenos-Aires,
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Cacambo Le baron (C'est-à-dire le fils du baron devenu baron par la mort de son
père.) |
Candide s’enfuit sur les conseils de son valet
Cacambo, et se réfugie chez les jésuites du Paraguay, où il est bien accueilli
parce qu’il est allemand. Il reconnaît, dans le commandant qui le reçoit, le fils du baron de
Thunder-ten-tronckh |
Voltaire dénonce le comportement des colons espagnols,
même jésuites, qui pillent les peuples américains : « Los Padres (les pères = les
jésuites) y ont tout, et les peuples rien » |
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Paraguay, chez les jésuites |
Cacambo Le baron |
Le baron lui raconte ses aventures : comme il
n'était pas mort il fut recueilli par un jésuite. Puis il devint jésuite
lui-même et fut envoyé au Paraguay pour combattre les Espagnols. Mais quand il apprend que Candide veut épouser Cunégonde, il se fâche et
le frappe. Candide lui passe son épée à travers le corps et s'enfuit. |
Voltaire se moque encore de l'extrême prétention des
nobles qui se croient supérieurs aux autres de naissance. Ici, il ne ridiculise pas Pangloss qui dit que tous les hommes naissent
égaux. |
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Paraguay, chez les Oreillons |
Cacambo Les Oreillons |
Alors qu'ils parcourent un territoire inconnu, Candide
tue deux singes qui pourchassaient des filles. Mais Cacambo lui apprend que
c'étaient leurs amants. Ils s'enfuient mais sont capturés par la tribu des
Oreillons, qui veulent les manger. Mais Cacambo leur explique que Candide n'est pas un jésuite et ils sont
bien traités. |
Voltaire se moque de ceux qui ne comprennent pas que
tout le monde ne pense pas comme eux, et n'a pas les mêmes goûts. Candide ne sait pas cela et s'attire des ennuis pour
avoir tué les singes, amants des filles. Cacambo en est conscient et tient aux Oreillons un discours qu'ils
comprennent, il ne s'offusque pas de leur cannibalisme |
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Le
fleuve entre les précipices, |
Cacambo Les
écoliers et le maître L’hôtellier |
Candide et Cacambo se dirigent vers |
Plus de critique, ici. Les enfants sont éduqués, les gens sont polis, se
respectent, méprisent les richesses. L'état est au service de la population tout entière. (Les enfants, même
pauvres (en haillons) vont à l’école) |
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L'Eldorado |
Cacambo Le
vieillard de 172 ans Le roi d’Eldorado |
Un très vieil homme leur explique que les habitants
descendent des Incas, et s’isolent pour se protéger des Européens. Ils croient en un dieu unique mais n’ont pas besoin de
prêtres. Candide et Cacambo sont accueillis un mois par le roi, mais ils veulent
repartir. Candide espère racheter Cunégonde. Le roi leur donne des moutons, des
richesses immenses et les aide à repartir. |
Les habitants d’Eldorado se sont isolés pour se
protéger de la rapacité des Européens qui convoitent leur or. Ils n’ont pas besoin de prêtres pour leur dire ce
qu’ils doivent faire. Ils n’ont pas besoin de tribunal ni de prison, mais cultivent les
sciences. |
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Le Surinam |
Cacambo L’esclave
noir Vanderdendur,
le maître hollandais |
Sur le chemin ils perdent une partie de leurs biens.
Enfin ils arrivent au Surinam où ils rencontrent un esclave noir mutilé par son
maître hollandais. Candide envoie Cacambo racheter Cunégonde. Après avoir été volé, il
choisit pour l’accompagner un autre malheureux et s’embarque pour Bordeaux. |
Les deux compagnons retrouvent leur monde. Voltaire dénonce la cruauté et l’injustice de
l’esclavage. Il dénonce encore une fois la cupidité et la malhonnêteté de ceux qui
possèdent déjà des richesses, et qui en veulent toujours plus. |
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Le vaisseau vers Bordeaux |
Martin, le malheureux manichéen |
Sur le vaisseau, Candide et Martin discutent. Martin
explique à Candide qu’il est manichéen, qu’il croit que le mal domine la terre. Ils assistent à un combat naval au cours duquel le voleur de Candide est
coulé. Candide récupère l’un de ses moutons. |
Encore une fois Candide est témoin de la cruauté
des hommes. Plus d’une centaine d’hommes meurent lors du naufrage du pirate. |
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Le vaisseau vers Bordeaux |
Martin |
Sur le bateau Martin raconte ses malheurs à Paris et à
Amsterdam. Il explique à Candide qu’il pense que les hommes sont sur Terre pour
souffrir et qu’ils sont naturellement méchants et féroces comme des animaux
carnassiers. |
Le pessimisme de Martin n’est pas ridiculisé par
Voltaire, et il correspond à ce que le récit nous a fait voir jusqu’à présent. |
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Bordeaux,
puis |
Martin L’abbé
périgourdin La
« marquise » de Parolignac Le faux exempt (officier de police) |
Ils se rendent à Paris, où ils se trouvent aussitôt entourés
de parasites qui en veulent à la fortune de Candide. Un abbé les mène au théâtre puis chez une courtisane
qui se prostitue à Candide pour deux diamants. Ayant appris l’histoire de Candide, il lui fait croire que Cunégonde est
à Paris, puis que la police l’arrête. Candide s’en sort pour une fortune et
quitte Paris. |
Voltaire se moque de la vie parisienne, pleine
de parasites, de médisants (gens qui passent leur temps à dire du mal des
autres), de femmes vénales (qui se vendent) et de voleurs qui, comme ailleurs,
ne pensent qu’à s’enrichir sur le dos de Candide. |
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Le
bateau vers l'Angleterre puis vers Venise, |
Martin Le
capitaine hollandais (l'amiral anglais) |
En route pour Venise, il passe d'abord près des côtes
anglaises, mais refuse d'y débarquer car il assiste à l'exécution d'un amiral
pour des motifs absurdes : il n'aurait pas tué assez de gens pendant la
guerre contre les Français. De plus cette exécution semble ravir l'assistance. |
Encore une fois Voltaire se moque de l'arbitraire et
de l'absurdité criminelle des règles militaires, et de la facilité avec
laquelle les gens les acceptent. Il se moque aussi des motifs de la guerre de sept ans, qui oppose |
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Venise |
Martin frère
Giroflée Paquette |
Candide est désespéré de ne pas trouver Cacambo mais
Martin pense qu'il s'est enfui avec l'argent. Candide veut montrer à Martin que tout le monde n'est pas malheureux,
mais la jeune fille qu'il interroge se trouve être Paquette, qui après avoir
été chassée du château a été obligée de se prostituer pour survivre, et le
jeune homme qui l'accompagne est un religieux forcé à cause du droit d'aînesse
qui l'a laissé sans rien. |
En illustrant le point de vue de Martin, Voltaire
dénonce deux injustices sociales. D'abord le sort des prostituées obligées de coucher
avec des hommes qui leur déplaisent pour pouvoir survivre. Puis le droit d'aînesse, qui prive les cadets de familles nobles de
ressources en donnant tout à l'aîné, et les oblige à se faire religieux même
s'ils ne le désirent pas. |
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Venise |
Martin Le
seigneur Pococuranté |
Le seigneur Pococuranté est très riche, il vit
dans le luxe. Mais tout ce qui l’entoure, que ce soit les femmes, les tableaux,
la musique, la littérature, la philosophie, la poésie, les jardins, le lasse
vite et finalement peu de choses lui plaisent, il critique tout et très peu de
choses lui plaisent encore. |
Voltaire se moque de l’éducation de Candide, qui avait
été élevé à ne rien juger par lui même (76) Il nous montre aussi un homme riche et blasé, qui a la liberté de tout
critiquer mais qui n’aime plus rien. |
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Venise, l’hôtellerie |
Martin Cacambo Achmet
III, sultan Ivan,
tsar Charles
Édouard, Angleterre Roi
des polaques (x 2) Théodore, élu roi de Corse 4 autres altesses ! |
Un soir, à l’hôtel, Candide découvre avec surprise qu’il
mange avec 6 monarques détrônés venus voir le carnaval de Venise. Cacambo est l’esclave de l’un d’eux et lui apprend que
Cunégonde est à Constantinople. À la fin de la soirée il donne un diamant au plus pauvre, tandis que
quatre autres rois déchus entrent. |
Voltaire se moque de l’instabilité du pouvoir des
rois, qui peuvent être détrônés par des guerres, des coups d’état, voire leur
propre famille. |
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Venise,
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Martin Cacambo L’ex-sultan Achmet Le levanti (turc) patron
(capitaine) du bateau Pangloss Le
fils du baron |
Candide embarque pour Constantinople à bord d’un
vaisseau turc afin de retrouver Cunégonde. Cacambo
lui raconte qu’elle est esclave et qu’elle est devenue horriblement laide.
Lui-même a été dépouillé des cinq millions donnés par Candide. Candide retrouve et rachète Pangloss et le fils du baron, qui sont
galériens sur le navire. |
Voltaire se moque de la cupidité : tout le
monde escroque Candide, essaie d’obtenir le plus d’argent possible de
lui : le gouverneur espagnol, le pirate, le capitaine turc, le marchand
juif. |
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Un navire vers Constantinople |
Pangloss Le fils du baron Martin Cacambo |
Le baron lui raconte qu’une fois soigné il
devint aumônier de l’ambassadeur de France à Constantinople, mais fut condamné
pour s’être baigné nu avec un musulman. Pangloss subit le même sort pour avoir
peloté les seins d’une musulmane dans une mosquée. |
Voltaire se moque de l’absurdité des lois religieuses,
qui imposent des comportements qui échappent à toute logique, et que l’on ne
peut donc absolument pas prévoir. Il se moque encore de l’optimisme de Pangloss, et surtout de son
entêtement au prétexte qu’il ne croit pas pouvoir se tromper. |
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La Turquie, au
bord de |
Pangloss Le
baron Cunégonde La
vieille Martin Cacambo |
Candide retrouve Cunégonde. À cause des travaux
d'esclave, elle est devenue très laide. Mais Candide, pour tenir sa promesse,
tient à l'épouser. Cependant le baron, malgré tout ce qu'a fait Candide, refuse orgueilleusement. |
Cette fois, l'orgueil des nobles est poussé
jusqu'à l'absurde : le baron ne tient aucun compte de la réalité et refuse
encore sa soeur à Candide. |
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Une métairie au bord de la Propontide |
Pangloss Cunégonde La
vieille Martin Cacambo Paquette Frère
Giroflée Le
derviche (religieux musulman) Le vieillard riche |
Les compagnons le rendent au capitaine turc et Candide
épouse Cunégonde. Mais ils ne mènent pas une vie heureuse car ils sont
tous aigris par les malheurs qu'ils ont vécus. Ils discutent de cela avec un derviche qui leur dit
qu'ils n'ont pas à se mêler des décisions de dieu. Ils rencontrent un vieillard riche qui ne se mêle pas des affaires du
monde et prétend que c’est la clef du bonheur. |
La fin du conte est très pessimiste. Candide,
contrairement aux héros traditionnels de contes, ne sort pas grandi de ses
épreuves, mais désabusé et aigri. À cause de cela il se renferme sur lui-même et ne s’intéresse plus au
monde, sa devise devient la phrase célèbre qui termine le livre :
« Il faut cultiver notre jardin. |
fin