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La Trêve de Dieu et la paix jurée        (voir la mésange et la paix jurée)

Au Moyen Age les guerres étaient très fréquentes, de petites guerres sans doute à côté de nos grandes guerres mondiales, mais des guerres qui causaient quand même beaucoup de morts, de blessés et de souffrances. D'autre part, même pendant la paix, la plupart des gens étaient mal protégés, chacun pouvait être me­nacé brusquement dans ses biens et même dans sa vie. La violence régnait partout : dans ce qu'on appelle la vie économique, c'est-à-dire tout ce qui concerne les moyens de subsister ; dans le droit qui excusait ou légitimait presque tous les abus des puissants ; dans les mœurs, dans la morale, car les gens, durcis à la peine, étaient peu sensibles au spectacle des souffrances des autres.

Cependant, peu à peu, un immense désir de paix se fit sentir et l'on se tourna vers l'Église. Les premières associations de paix prirent naissance dans des réunions d'évêques qui tentèrent de fixer des bornes à la violence, d'abord en établissant un inven­taire des actes défendus, des personnes à épargner, des bâti­ments à ne pas piller, puis en interdisant tout acte de violence les dimanches et jours de fête, et même certains jours de la semaine. C'était la Trêve de Dieu. Les petites gens y avaient bien sûr plus d'intérêt que les autres et c'est pourquoi Renart indique qu'ils se réjouissent.

Comment forcer les seigneurs, les chevaliers et les vilains à respecter la trêve ? On exigea d'eux un serment, la paix jurée, et on s'efforça de punir ceux qui manquaient à leurs promesses. C'est pourquoi les premières associations de paix se transformè­rent en mouvements d'action composés souvent de paysans.

Mais les très grands seigneurs et le roi, qui avaient en général intérêt aussi à voir régner l'ordre, se mirent à la tête de ces associations pacifistes. Ils se firent assez souvent les défenseurs des petits contre les moyens.

Bien sûr, la paix jurée était souvent rompue, les engagements violés, et l'hypocrisie de Renart dans le conte de la mésange reproduit fidèle­ment l'attitude de nombreux petits seigneurs belliqueux et pil­lards qui se moquaient des serments et de la paix.