ACTE III - SCÈNE 6 (20 lignes)

 

GÉRONTE, ARGANTE, SYLVESTRE

 

 

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GÉRONTE
Ah ! seigneur Argante, vous me voyez accablé de disgrâce.

 

ARGANTE
Vous me voyez aussi dans un accablement horrible.

 

GÉRONTE
Le pendard de Scapin, par une fourberie, m'a attrapé cinq cents écus.

 

ARGANTE
Le même pendard de Scapin, par une fourberie aussi, m'a attrapé deux
cents pistoles.

 

GÉRONTE
Il ne s'est pas contenté de m'attraper cinq cents écus, il m'a traité
d'une manière que j'ai honte de dire. Mais il me la payera.

 

ARGANTE
Je veux qu'il me fasse raison de la pièce qu'il m'a jouée.

 

GÉRONTE
Et je prétends faire de lui une vengeance exemplaire.

 

SYLVESTRE, à part.
Plaise au Ciel que dans tout ceci je n'aie point ma part !

 

GÉRONTE
Mais ce n'est pas encore tout, seigneur Argante, et un malheur nous est
toujours l'avant-coureur d'un autre. Je me réjouissais aujourd'hui de
l'espérance d'avoir ma fille, dont je faisais toute ma consolation, et
je viens d'apprendre de mon homme qu'elle est partie, il y a longtemps,
de Tarente, et qu'on y croit qu'elle a péri dans le vaisseau ou elle
s'embarqua.

 

ARGANTE
Mais pourquoi, s'il vous plaît, la tenir à Tarente, et ne vous être pas
donné la joie de l'avoir avec vous ?

 

GÉRONTE
J'ai eu mes raisons pour cela, et des intérêts de famille m'ont obligé
jusques ici à tenir secret ce second mariage. Mais que vois-je ?