Les mots en gris ou en rose comportent une note : passez dessus.
Acte I, scène 1.
(35 lignes)
OCTAVE, SYLVESTRE
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OCTAVE
Ah !
fâcheuses nouvelles pour un coeur amoureux ! Dures extrémités où je me
vois réduit ! Tu viens, Sylvestre, d'apprendre au port que mon père
revient ? SYLVESTRE
Oui.
OCTAVE
Qu'il
arrive ce matin même ? SYLVESTRE
Ce
matin même. OCTAVE
Et
qu'il revient dans la résolution de me marier ? SYLVESTRE
Oui.
OCTAVE
Avec
une fille du seigneur Géronte ? SYLVESTRE
Du
seigneur Géronte. OCTAVE
Et
que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela ? SYLVESTRE
Oui.
OCTAVE
Et
tu tiens ces nouvelles de mon oncle ? SYLVESTRE
De
votre oncle. OCTAVE
A
qui mon père les a mandées par une lettre ? SYLVESTRE
Par
une lettre. OCTAVE
Et
cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires ? SYLVESTRE
Toutes
nos affaires. OCTAVE
Ah !
parle, si tu veux, et ne te fais point de la sorte arracher les mots de la
bouche. SYLVESTRE
Qu'ai-je
à parler davantage ? Vous n'oubliez aucune circonstance, et vous dites
les choses tout justement comme elles sont. OCTAVE
Conseille-moi,
du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures. SYLVESTRE
Ma
foi, je m'y trouve autant embarrassé que vous, et j'aurais bon besoin que
l'on me conseillât moi-même. OCTAVE
Je
suis assassiné par ce maudit retour. SYLVESTRE
Je
ne le suis pas moins. OCTAVE
Lorsque
mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain
d'impétueuses réprimandes. SYLVESTRE
Les
réprimandes ne sont rien, et plût au Ciel que j'en fusse quitte à ce prix !
Mais, j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois
se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules. OCTAVE
O
Ciel ! par où sortir de l'embarras où je me trouve ? SYLVESTRE
C'est
à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter. OCTAVE
Ah !
tu me fais mourir par tes leçons hors de saison. SYLVESTRE
Vous
me faites bien plus mourir par vos actions étourdies. OCTAVE
Que
dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? A quel remède recourir ?
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Remarque : dans ce texte, se trouvent deux figures de style, c'est-à-dire des mots employés dans un sens détourné :
une hyperbole (exagération) et deux métaphores (qui viennent d'une comparaison).
L'hyperbole est une exagération : Octave dit qu'il est « assasiné » alors qu'il est inquiet du retour de son père.
La métaphore est une comparaison cachée, on n'utilise pas de mot qui indique explicitement que l'on fait une comparaison.
Octave dit qu'il voit fondre sur lui « un orage [...]de réprimandes » parce que les reproches de son père vont s'abattre sur lui aussi nombreux que les gouttes de pluie et aussi fort que dans un orage.
Dans la métaphore comme dans la comparaison, ce dont on parle (le thème) s'appelle le comparé ;
le mot ou l'expression que l'on utilise est le comparant ;
dans la comparaison on utilise un mot outil (l'adverbe « comme », le verbe « ressembler », par exemple), dans la métaphore on n'en utilise pas.
Les reproches du père sont le comparé, le mot « orage » est le comparant.
(voir
aussi le devoir 1, questions 10 et 11)
La métaphore est une figure qui vient de la comparaison. Dans la métaphore le
mot outil disparaît, et parfois aussi le comparé. Le seul élément que l'on
trouve toujours dans la métaphore est le comparant.
Ex : Sylvestre craint de subir un orage
(comparant) de coups (comparé).
La comparaison est : les coups s'abattront sur lui
comme (mot outil) un orage.
QUESTIONS retour en haut
1 Qui sont les deux personnages ?
2 Quels sont leurs rapports entre eux ?
3 De qui parlent-ils ?
4 Que veut le père d'Octave ?
5 Pourquoi Octave est-il si inquiet ? Le sait-on exactement ?
6 Que risque Octave ? Que risque Sylvestre ?
7 Pourquoi cette différence ?